En janvier dernier, la sortie du nouveau Guide alimentaire canadien a fait couler beaucoup d’encre. Première mise à jour depuis 2007, le remaniement de ce guide était très attendu par les nutritionnistes et professionnels de la santé. Déjà très différent d’un point de vue graphique, l’arc-en-ciel des groupes alimentaires qu’on y retrouvait a laissé sa place à une assiette colorée. Ce changement a fait le bonheur de plusieurs, et a causé de nombreux questionnements chez d’autres en plus de susciter certains débats.
Dans le but d’éclairer les membres des cuisines collectives au sujet de ce nouveau guide, nous avons organisé un atelier d’échanges et d’appropriation du Guide alimentaire canadien lors de la Rencontre nationale 2019. Grâce à la générosité de nutritionnistes et d’étudiantes en nutrition, nous nous sommes senties plus éclairées à la suite de leurs présentations. Nous avons donc pensé que nous entretenir avec Vanesa et Vanessa, qui ont donné l’un de ces dynamiques ateliers, serait intéressant pour cette édition du Croque-notes afin de répondre à nos questions concernant le Guide alimentaire canadien.
D’après vous, ce nouveau guide représente-t-il une amélioration significative par rapport à l’ancien ?
Effectivement, l’assiette représentée dans le nouveau Guide Alimentaire canadien (GAC) offre visuellement une meilleure présentation d’une assiette qu’une personne peut consommer au moment du repas. Il est plus réaliste de se servir en se disant que la moitié de notre assiette correspond à des légumes et fruits et que l’autre moitié se répartit entre les aliments protéinés et les produits céréaliers à grains entiers. De plus, la variété et la qualité des aliments sont mises de l’avant dans le nouveau GAC, ce qui saute aux yeux lorsqu’on voit des aliments colorés et diversifiés dans l’assiette imagée de ce guide.
Quelle est la plus grande différence entre le nouveau guide et l’ancien ?
La plus grande différence est le retrait des unités de mesure et des quantités à consommer pour chaque groupe alimentaire selon le sexe et le groupe d’âge. Le nouveau GAC veut s’adapter à la réalité de la population. En effet, peu sont ceux qui pèsent et/ou qui mesurent leurs aliments au moment de se servir un repas. Le nouveau GAC nous présente une assiette qui nous sert d’outil afin de nous aider à faire de meilleurs choix alimentaires. On dit « adieu » aux portions et « bonjour » à la qualité alimentaire !
Que pensez-vous du fait que des comportements (cuisiner, manger en compagnie) à privilégier font maintenant partie du Guide ?
L’environnement fait, en effet, partie intégrante d’une saine alimentation. Des actions simples, comme prévoir ce que nous allons manger, nous permettent de faire des choix alimentaires plus sains puisqu’on anticipe le type d’aliments qu’on peut se procurer à l’épicerie. Faire participer notre famille dans la planification et la préparation des repas permet aussi de transmettre des traditions culinaires et alimentaires ainsi que de rendre la préparation des repas moins exigeante et plus amusante. De plus, on peut toujours partager des moments agréables en mangeant ensemble. La qualité alimentaire est importante, mais l’environnement alimentaire l’est également !
Ce nouveau Guide vous semble-t-il facile à suivre pour une famille en situation de vulnérabilité financière ?
Le nouveau GAC présente diverses options pour chaque groupe alimentaire. Une famille en situation de vulnérabilité financière peut se tourner vers des légumes et des fruits qui se trouvent dans les circulaires de la semaine. Dans le cas des produits protéinés, on peut se tourner vers les spéciaux de la semaine ou encore vers des options végétariennes, qui sont souvent plus abordables. En effet, un sac de légumineuses peut se trouver souvent pour moins de 3,00 $ à l’épicerie, de même pour le tofu. Sur Internet, les recettes permettant de bien apprêter ce type d’aliments abondent.Quant aux produits céréaliers, le prix du pain, des pâtes et du riz à grains entiers demeure souvent semblable à celui des produits raffinés. De plus, l’eau, qui est la boisson de choix, est gratuite !
Est-il vrai que les produits laitiers et d’origine animale sont maintenant exclus du Guide, comme on a pu l’entendre dans les médias ?
Il est vrai que les groupes des produits laitiers ainsi que des viandes et substituts n’existent plus. Par contre, le nouveau GAC permet de rassembler ces deux groupes pour en faire un seul : « les aliments protéinés ». Ce groupe alimentaire contient une variété d’aliments, soit des sources végétales de protéines comme les légumineuses, le tofu, les noix et les graines, mais aussi des sources de protéines animales, comme les œufs, le yogourt, le poisson, la volaille et la viande. Les produits laitiers et d’origine animale se retrouvent donc encore dans le nouveau Guide alimentaire, mais présentés de façon différente.
Peut-on dire que le nouveau Guide encourage une alimentation davantage végétale ?
Le nouveau GAC encourage une alimentation variée et de qualité, comme nous le mentionnons précédemment. Ceci dans le but de tirer des avantages nutritionnels d’un grand nombre d’aliments, incluant les produits végétaux. En effet, ces produits sont très nutritifs puisqu’ils fournissent des fibres alimentaires ayant plusieurs bienfaits pour la santé et peuvent être apprêtés de nombreuses façons.
Avez-vous des astuces pour suivre le Guide tout en économisant le prix du panier d’épicerie ?
Le nouveau GAC encourage une alimentation variée et pleine de couleurs ! Il est donc possible d’inclure plusieurs légumes et fruits dans notre assiette tout en choisissant ceux de meilleurs prix. Une solution serait de privilégier les légumes et les fruits locaux et de saison. De plus, lorsque l’hiver s’approche, opter pour des légumes en conserve ou même surgelés est un bon choix. Ces options contiennent autant de nutriments que les légumes frais !
Pour ceux et celles qui éprouvent une pression de manger de façon exemplaire en suivant le Guide, avez-vous des nuances à apporter ?
Il est possible que notre assiette suive les recommandations du nouveau Guide sans pour autant être séparée en 3 parts égales comme sur l’image de l’assiette composée. En effet, prenons l’exemple d’une soupe-repas composée d’une variété de légumes avec un aliment protéiné –du poulet ou du tofu, par exemple–, accompagnée de pain de blé entier. Ce repas, n’a pas l’allure de l’assiette imagée séparée en 3 sections du Guide alimentaire, mais respecte tout de même la notion de variété d’aliments sains en incluant des grains entiers, une source de protéine ainsi que de multiples légumes au choix.
Texte et propos recueillis par Marianne Brisebois
avec la collaboration de Vanesa Gil-Marin et Vanessa Brunette, étudiantes en nutrition
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