« Il n’est pas question que quelqu’un au Québec manque de choses à manger », a répondu fermement notre premier ministre alors qu’un journaliste lui présentait la réalité des Québécois nouvellement sans emploi. Monsieur Legault a tenu à rassurer les personnes se retrouvant face à une situation d’insécurité alimentaire : « C’est correct d’aller chercher de la nourriture dans les banques alimentaires. Il ne faut pas être gêné. Ce n’est pas de votre faute si vous avez perdu votre emploi. », insistait-il, empathique. Le premier ministre promettait de ne laisser tomber personne et, pour y arriver, il a injecté des sommes considérables pour soutenir la distribution d’aliments.
Alors que 2019 était bien loin d’une crise sanitaire, c’est pourtant 1,9 million de demandes d’aide alimentaire qui ont été adressées chaque mois aux banques alimentaires du Québec. On peut donc dire que crise du Coronavirus ou pas, l’insécurité alimentaire fait bel et bien parti du paysage québécois. Pourtant, en cette journée mondiale de l’alimentation, il est essentiel de se rappeler que le recours aux banques alimentaires doit être envisagé comme une mesure temporaire, car l’alimentation est un droit fondamental qui doit être respecté par l’État québécois. Devoir se tourner vers le dépannage est toujours une solution de dernier recours et non un service qui départi le Québec du phénomène d’insécurité alimentaire.
Le gouvernement doit garantir à tous et à toutes un revenu qui permet d’avoir accès à des aliments, peu importe sa situation géographique ou physique. Nous en sommes tous témoins, depuis l’éclosion de la pandémie, le prix des aliments a considérablement augmenté. Pour les personnes vulnérables, celles âgées de 70 ans et plus ou celles immunosupprimées, à cette hausse des coûts en alimentation se sont ajoutées des sommes pour la livraison des aliments, puisqu’on leur déconseille de quitter leur domicile. Le gouvernement doit également mettre en place des mesures pour permettre à tout le monde d’avoir accès à une épicerie ; à l’heure actuelle, près de la moitié de la population québécoise (45,5 %) habite dans un secteur offrant un faible accès aux commerces d’alimentation.
Le gouvernement doit aussi permettre aux citoyen-ne-s de se nourrir dans la dignité, conformément à leurs valeurs, et d’avoir accès à une quantité de nourriture suffisante pour répondre à leurs besoins. Il doit réguler l’action des entreprises afin de limiter la dépendance alimentaire du Québec à l’égard d’autres pays. La crise a révélé l’importante dépendance des productions agricoles québécoises à l’implication d’une main-d’œuvre étrangère ainsi que la dépendance à l’égard de produits alimentaires en provenance d’autres pays, alors que certains d’entre eux pourraient être produits ici pour la population d’ici. Ces denrées pourraient tenir compte des préoccupations citoyennes sur le plan environnemental.
La pandémie doit être l’occasion de revoir l’action du Québec en matière de droit à l’alimentation de manière à assurer à tous et à toutes un réel exercice de ce droit, y incluant le droit à un revenu permettant de se nourrir soi-même dans la dignité.
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