Depuis plus de trente-cinq ans, le mouvement des cuisines collectives au Québec s’inscrit dans une démarche rassembleuse visant l’atteinte de l’autonomie alimentaire pour l’ensemble des Québécois et Québécoises. Militant pour l’accessibilité universelle à une saine alimentation, le Regroupement des cuisines collectives du Québec pose un regard critique sur le nouveau Guide alimentaire canadien.
Au-delà de l’assiette colorée dont le mouvement faisait déjà la promotion, la place de choix accordée au contexte social de l’alimentation va de pair avec la mission d’éducation populaire que se donnent les cuisines collectives depuis leur implantation. Manger sainement passe d’abord par l’appropriation des aliments que l’on cuisine, partage et savoure ensemble, des valeurs qu’on peut maintenant rattacher au Guide alimentaire. Le progrès est salué, tout comme le portrait plus flexible de l’alimentation quotidienne qu’on y retrouve.
Malgré cette note positive, il existe tout de même une grande faille lorsque l’on adresse un outil universel en gage de référence et de santé. Bien s’alimenter a un coût. Ce détail majeur semble hélas omis dans l’exercice de telles recommandations. L’information s’adresse à l’ensemble des Canadiens et Canadiennes alors que son application est loin d’être accessible à tous, ce que déplore le Regroupement. Les quelque 1400 cuisines collectives à travers la province peuvent témoigner que l’atteinte de l’autonomie alimentaire est loin d’être gagnée, ce pour quoi elles travaillent au quotidien.
Moins de trois semaines après la parution du Guide, les banques alimentaires du Canada publiaient un bilan déplorable de la sécurité alimentaire au pays, dégageant le grand paradoxe derrière la façade d’universalisme des recommandations nutritionnelles de Santé Canada. Alors que l’alimentation est orpheline d’une véritable responsabilité d’état, plus d’un million de Canadiens et Canadiennes ont eu recours aux banques alimentaires en 2016. Au regard de la position économique du pays, le problème ne découle pas d’un manque de richesse, mais bien d’une redistribution déficiente obligeant les organismes communautaires et les initiatives citoyennes à nous sortir la tête de l’eau. Donner les outils nécessaires à la population pour bien s’alimenter est tout à fait louable, mais uniquement dans la mesure où on lui garantit un revenu et un cadre social le lui permettant.
Face à cet enjeu de taille, le Regroupement des cuisines collectives du Québec, avec ses membres et partenaires, a produit en 2017 une Déclaration pour le droit à une saine alimentation. Faisant appel à notre culture progressiste, la déclaration et la pétition l’appuyant revendiquent la mise en place de mesures encadrant l’accès à une saine alimentation pour tous, sans compromis.
À la fois défenderesses de la saine alimentation et témoins de son inaccessibilité, les cuisines collectives saluent l’arrivée du nouveau Guide alimentaire canadien… à condition qu’il soit le point d’ancrage d’une politique alimentaire ne laissant personne derrière.
Pour signer la pétition : droitsainealimentation.org
Un texte du Regroupement des cuisines collectives du Québec
Les commentaires sont fermés.